Episode 3 : “La honte de demander de répéter : et si on arrêtait de s’excuser ?” - 20/09/2025
Bienvenue dans J’entends pas tout… mais j’existe ! le premier podcast sur la surdité invisible.
Un coin intime où je vous partage mes confidences et mes clés pratiques pour mieux vivre avec la malentendance, pour vous inspirer, vous aider à relever la tête et retrouver une vie pleine, libre et joyeuse.
Je suis Delphine Soyer, coach certifiée et entrepreneure malentendante.
J'accompagne les personnes malentendants, devenues sourdes ou implantées à se reconnecter à soi par le corps et la conscience.
Ici, je vous parle sans tabou de la surdité invisible, pour mettre des mots sur ce que l’on tait,
Je vous parle de ces moments où l’on se sent seul au milieu des autres,
et de comment transformer cette différence en force.
Parce que ne pas tout entendre… n’empêche pas de vivre grand. »
Installez-vous… et bonne écoute.
Aujourd’hui, pour ce 3e épisode, nous parlons de la gêne de demander de répéter, de ses racines sociales et de ses impacts invisibles.
La honte de demander de répéter
Disponible sur Spotify, Deezer et Apple Podcasts
Dans le dernier épisode, je vous ai parlé de la fatigue d’écoute. Ce n’est pas de la paresse, c’est bien réel. Cette fatigue invisible dont personne ne parle, et qui épuise les malentendants.
Et une des façons de la réduire, je vous l’avais dit, c’est de ne pas faire semblant de comprendre… mais d’oser demander de répéter.
Sauf que soyons honnêtes : c’est loin d’être simple.
Moi, il m’a fallu des années pour franchir ce pas. Petit à petit, j’ai osé interrompre une conversation pour demander de répéter, en famille d’abord, puis avec mes amis, et enfin au travail. Mais je commençais toujours par m’excuser : “Excuse-moi, je n’ai pas compris.” en étant honteuse, tout mon corps le disait.
Mais… pourquoi s’excuser alors que ce n’est pas notre faute ?
En réalité, demander à répéter me mettait dans un malaise profond. Même en affichant ma surdité, je ressentais une forme de honte : honte de mal comprendre, honte de ne pas suivre, honte de déranger.
Et pourtant, communiquer, c’est vital. C’est comme ça qu’on crée du lien, qu’on se fait respecter, qu’on existe socialement et professionnellement.
Alors pourquoi ressent-on cette honte ? Pourquoi se sent-on “lourd”, “nul”, exclu… juste parce qu’on ose demander de répéter ?
Dans cet épisode, on va déconstruire ensemble ce tabou. Et je vais vous donner des solutions toutes simples pour transformer votre demande en affirmation claire, sans culpabilité, et je l'espère retrouver des échanges plus fluides avec vos proches.
1. Pourquoi on a honte de faire répéter son interlocuteur ?
Vous est-il déjà arrivé de ne pas oser demander de répéter, juste par peur de déranger ?
Ou de faire semblant d’avoir compris, en hochant la tête, alors qu’en fait… pas du tout ?
Ce ressenti est très fréquent. On n’ose pas dire qu’on n’a pas entendu parce qu’on a peur du regard des autres, par peur de passer pour “lourd”, pour “celui qui insiste trop”… ou même pour “bête”. Alors, par réflexe, on se tait.
Et sur le moment, ça semble plus simple… on évite le problème mais en réalité, ça nous isole.
La honte vient de plusieurs choses à mon sens : des conditionnements, de la société et de l'invisibilité de la surdité.
la 1ère chose c'est
nos conditionnements qui nous ont formaté à l'école : (“ne dérange pas”, “ne prends pas trop de place”),
la 2e c'est la société qui valorise vitesse, performance, efficacité,
soyons francs : pourquoi on a honte ? Parce que dans la tête des gens, surdité = manque d’intelligence. Oui, oui… comme si nos oreilles étaient branchées directement à notre QI.
Dans le langage courant, on trouve encore des expressions comme “sourdingue”, “il est sourd ou quoi ?” ou “il n’écoute jamais, il fait semblant”.
t’entends quand tu veux, hein ?”… Bref, un festival de clichés.
Le problème, c’est que ça s’imprime en nous.
Beaucoup de personnes malentendantes intériorisent ce jugement : demander de répéter devient risqué, comme si cela allait révéler une faiblesse
Du coup, demander de répéter, ça revient à prendre le risque de passer pour “lourd” ou pire… pour un débile. Alors qu’en vrai, non : ne pas entendre, ce n’est pas être idiot. Ça veut juste dire… qu’on n’a pas entendu ! Point.
et enfin la 3e chose c'est le fait que la surdité est invisible. Les autres ne s’adaptent pas toujours…surtout quand ils ne le savent pas et nous, on finit par croire qu’on est “de trop”.
Les conséquences de cette honte ? Une fatigue énorme, une tendance à refuser des invitations, la fuite devant un évènement collectif et surtout une estime de soi qui s’érode.
Mais en réalité, le problème n’est pas de demander de répéter. Le vrai problème, c’est de se taire et de s’effacer.
Oser dire “Tu peux répéter, s’il te plaît ?”, ce n’est pas être lourd. C’est s’affirmer. C’est donner aux autres une chance de nous inclure. C’est responsabiliser. Et surtout, c’est redonner de la fluidité et de la légèreté à la relation.
2. Les solutions concrètes
🌟 Astuce 1 : Préparez vos phrases-clés
Comme des habitudes ou automatismes instaurés dans votre manière de vous exprimer : des phrases qui sortent naturellement.
déjà si vous vous sentez en phase avec votre surdité, Préparer une mini phrase d’introduction qui deviendra une habitude de protection pour “dédramatiser” : “Je suis malentendante ou j'ai des appareils auditifs, (votre façon de le dire selon votre envie), donc il se peut que je te demande de répéter de temps en temps.” Cela installe un cadre bienveillant dès le départ. même si ça ne suffit pas pour que les comportements changent, nous le savons.
En mode léger avec les amis : une phrase clé comme
“Attends, pause ! J’ai raté le mot le plus croustillant !”
ou “Tu es en TGV, moi j’ai raté l’arrêt !”
Avec la famille :
“Ralentis un peu, je veux pas perdre le fil.”
ou “Ok, c’était quoi le mot magique à la fin ?”
Au travail : “Je me permets de vous couper, je n’ai pas saisi le dernier mot, pouvez-vous reformuler ?”
ou “Ça va un peu vite, est-ce que tu peux redire autrement ?”
Ces formules sont claires, professionnelles, ou légères mais on ne s’excuse plus.
🌟 Astuce 2 : Ajuster l’environnement
Chez vous : rapprochez-vous de votre interlocuteur, la lecture labiale est plus efficace de 0 à 2 mètres, n'hésitez donc pas à bien vous positionner, ensuite éteignez la télé, la musique, réduisez le bruit de fond, vérifiez la lumière. installez vous confortablement.
Chez quelqu'un : demandez à ajuster ces conditions, osez choisir la place qui vous convient le mieux. parfois les gens vous le proposent spontanément en plus, vous demandent si ça vous convient, accueillez cet appui, ce cadeau. Dites oui.
Dehors : on est forcément plus exposés à la pollution sonore sur laquelle nous n'avons aucun contrôle. choisissez un coin plus calme dans un parc ou un resto, où il y a peu de passage, demandez de parler sans la bouche pleine (oui, ça compte !).
Moi ce que je fais, je coupe mes appareils dans la rue, dans les transports pour éviter la fatigue auditive. Je les utilise pour communiquer, pour écouter de la musique et des podcasts quand ils sont accessibles, quand la personne a une élocution suffisamment claire et lente pour mes oreilles. Au resto, dans tous les endroits bruyants, je règle le volume au mieux et l'écoute directionnelle grâce à mon application, pour gagner en confort et efficacité. Bien sûr, ce n’est pas toujours idéal, je ne comprends pas tout mais c'est déjà un bon moyen de gérer sa surdité.
L’important est de bien vivre le moment présent, d’être dans le confort, et si jamais ça ne l’est pas, et bien à vous de quitter l’évènement. C’est du respect de soi.
Ce sont de petits détails, mais qui changent tout.
🌟 Astuce 3 : Oser petit à petit
Commencez ces phrases clés avec une personne de confiance, empathique, qui connaît votre surdité.
Observez les fois où ça marche, ressentez ce que ça fait dans votre corps. Petit à petit, ça deviendra naturel. Vous vous positionnerez naturellement, ne mettez pas la barre trop haute si c’est un sujet délicat pour vous.
Et surtout : Demander de répéter ne diminue pas votre valeur. Jamais.
Oser avec une personne de confiance, c’est aussi se rappeler que nous ne sommes pas seulement des oreilles ou des mots. Nous sommes avant tout des êtres de vibration. Tout en nous est énergie : nos pensées, nos émotions, notre présence. Quand l’oreille capte mal le monde extérieur, ce sont les vibrations, le ressenti, l’énergie qui deviennent nos vrais repères. Se relier à elles, c’est retrouver l’équilibre, apaiser le mental et ressentir qu’on fait partie d’un grand mouvement vivant. Finalement, communiquer, c’est aussi ça : accueillir les vibrations, au-delà des mots.
🌟 Astuce 4 : L’humilité partagée
Demander de répéter, c’est aussi rendre service aux autres. Parce qu’une phrase répétée plus distinctement, c’est souvent utile à tout le monde. Parfois, d’autres pensent : “Ouf, heureusement qu’il a demandé, moi non plus je n’avais pas compris !”
Et puis, oser formuler son besoin, en tant que personne malentendante, c’est aussi sensibiliser. Ça libère la parole autour de la surdité invisible et ça crée de la connivence bienveillante. Nous en avons tant besoin.
Oser demander de répéter, ce n’est pas seulement une question de communication. C’est aussi choisir de s’allier aux personnes dont la vibration résonne avec la vôtre. Parce que lorsqu’on se sent aligné, on évite bien des frustrations. Se protéger, c’est ça aussi : oser, demander, mais surtout bien s’entourer.
Et puisque ce podcast s’adressent aussi aux proches (famille, amis, collègues)
N'oubliez pas, vous avez un rôle essentiel ! Parce que oui, répéter peut sembler fastidieux, mais pour nous, c’est un vrai cadeau.
Quelques astuces simples :
Parlez en face : votre bouche est notre GPS.
Articulez sans hacher les mots, parler naturellement juste en insistant sur vos mouvements labiaux.
Reformulez : changez un mot, ça ouvre une autre porte.
Ces 3 astuces : parlez en face, articulez et reformuler reviennent à dire de communiquer consciemment, d'avoir à l'esprit d'adapter votre façon de parler à votre interlocuteur.
Je sais bien que les échanges sont spontanés et très inconscients mais avoir une communication consciente permet de s'aligner en permanence avec qui l'on est, et de se rendre compte de ce qu'on dit, c'est notre exposition au monde.
C'est un vrai enseignement d'utiliser la communication consciente : j'ai une pensée, je choisis mes mots, je l'exprime et je fais attention à la manière dont je le fais.
Je vous partage 2 autres petites astuces :
Gardez votre calme : un sourire, ça change tout. un soupir ou un 'laisse tomber, c'était pas important", coupe court à la relation.
Ajoutez de l’humour : tant qu’on rit, tout passe beaucoup mieux, par exemple : “Je me recycle en sous-titres pour toi !” crée du lien au lieu de la gêne ou de la honte.
Voilà, chers cœurs invisibles : demander de répéter, ce n’est pas être lourd. C’est être clair, assertif, confiant.
Alors je vous lance un défi : d’ici la fin de la semaine, testez au moins une phrase clé dans une conversation ou une astuce que je vous ai partagé.
Et si vous faites le pas, célébrez votre audace. Puis observez : est-ce que la gêne diminue ? Est ce que la honte s'efface ou bien est-ce que la complicité grandit ?
Rappelez-vous : les appareils auditifs sont une béquille. Mais VOUS, vous êtes la voix qui affirme votre place, en choisissant les bonnes personnes.
Et si jamais on vous dit : “Mais t’as pas entendu ?”... vous pourrez sourire et répondre :
“Justement, c’est pour ça que je te demande.” 😉
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.
Merci de m’avoir écouté.
Si vous vous reconnaissez dans ce que je viens de partager, abonnez-vous au podcast pour ne rien manquer, et pour m’encourager aussi.
Et rappelez-vous mon podcast est publié à l'écrit sur mon blog pour plus d'accessibilité car même si j'articule et je parle lentement exprès, ce n'est peut être pas assez confortable pour vous.
Merci d’avoir été là aujourd’hui.
Prenez grand soin de vous, je vous retrouve dans 2 semaines pour un prochain épisode de J'entends pas tout mais j'existe !, qui parlera du fardeau de l'invisible quand on nous dit : mais tu n'as pas l'air sourd !
Et d’ici là, osez… juste oser demander. Vous verrez, ça change tout.
Chers cœurs invisibles, prenez votre place.
Pour un corps libre, un cœur puissant, une conscience claire. Osez votre différence, vivez grand !
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